Mais où va-t-on ?
Il y a ce type, ce breton. Pardon, ce bigouden ! Il habite à deux pas de chez moi. Ne me demandez pas où il va comme ça en parlant tout seul dans sa barbe pointue ? J'en ai aucune idée.
Il va en remontant la rue de Montreuil, une sorte de grand chapeau de sorcier en feutre sur la tête, avec sa démarche chaloupée et ses gros sabots qui claquent sur le sol ; et il invective les passants...
"Eh ! T'es grosse, t'es vilaine !" Il dit comme ça à toutes les femmes. Et aux chiens, il fait : "Wouah ! Wouah ! Grrr... Il est mignon !"
Il est armé d'un attaché-case de type Samsonite au gabarit imposant qu'il ne lâche jamais. Des dizaines de stickers à la gloire des bretons, des celtes, du pays bigouden et de divers mouvement druidiques en recouvrent les deux faces. Pour éviter qu'il ne se fasse dépouiller par ses "enculés de parisiens", une paire de menottes relie son poignet droit et la poignée de la malette. A l'intérieur de l'attaché-case se trouvent des milliers de feuilles de papier, ainsi qu'un marker indellébile de couleur noir. Noir comme le drapeau breton.
Il vaut mieux éviter de croîser son regard quand il tague une affiche 4X3 de slogans breton (en breton). C'est un regard hirsute et fou, un oeil globuleux à la conjonctivité congénitale qui se tourne alors vers vous, presque implorant. Sa bouche baveuse toujours entrouverte est parcourue de spasmes nerveux qui animent continuellement ce visage de nain ingrat et osseux. Il vous fixe alors avec une expression vide et morbide qui glace le sang.
D'ailleurs ça y est, je frissonne...
Le breton marche dans la rue. Voilà qu'il redescend la rue de Montreuil. Je n'ai jamais su où il allait comme ça, s'il travaillait ou bien s'il vivait au crochet d'une vieille mère acariâtre. Mais où va-t-il donc mon bigouden, et nous avec lui ?
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2 commentaires:
Espère la “criée”...
Tiens ! J'étais certain de te trouver par ici !
Kenavo.
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