La jeunesse n'est pas éternelle
Lucien Jeunesse s'est éteint, et avec lui certains de mes souvenirs d'enfance.
Sainte-Marguerite de Pornichet, chez ma grand-mère paternelle. Eté 1974. Elle qui ne savait parler autrement qu'en criant d'une voix de crécelle insupportable. La maison avait la largeur de la porte d'entrée. Une maison de vacances d'à peine 2 mètres cinquante de large. La largeur d'un chemin bordé de grillages de part et d'autres que mes grands-parents aimaient appeler "le jardin". Le frigo fonctionnait au gaz. Je me souviens de mon grand-père changeant les bouteilles en maugréant. On écossait des heures des haricots verts, alors qu'il me semblait tellement plus simple de les acheter en boîte ! Il y avait Lucien Jeunesse qui posait ses questions de sa voix sautillante, faisant régner le silence pendant les déjeuners sur la table de camping recouverte d'une toile cirée. Ses phrases légères étaient rythmées de mots choisis que je n'avais pas l'habitude d'entendre. Il y avait de la grenadine dans nos verres à moutarde. Le ding ding venait interrompre les tentatives vaines de mes grands-parents pour répondre aux questions du maître.
Il faudra encore attendre 16 heures 30 pour que mamie se décide à nous emmener mon frère et moi sur la plage. Elle va encore nous faire honte avec ses pelotes de laine, ses bobs Ricard, et cette voix ! Cette putain de voix de pauvre ! En 1974, les vacances étaient trop longues...
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